• Interruption d’une conférence aux Champs libres de Rennes par le collectif du 3 mai

     Interruption d’une conférence aux Champs libres de Rennes par le MCPL et le collectif du 3 maiCe texte a été lu ce samedi 10 Avril 2010 par un membre du MCPL et du "collectif du 3 mai" lors de la venue de Florence Aubenas aux champs libres pour une conférence à propos d e son livre qui traite de la situation des chômeurs et précaires alors que le présentateur s’apprêtait à interroger l’invitée.
    Par la suite lors de la séance des questions et comme le sujet s’y prêtait, nous avons également demander à Mr le maire présent dans la salle comment il recevait la proposition d’un centre social autogéré ou d’un bourse du travail afin d’organiser la nécessaire solidarité entre les travailleurs de plus en plus précaires. Mr Delaveau visiblement embarrassé n’a pas souhaité nous répondre. Nous avons bon espoir que d’autres interventions de toute nature finissent par le persuader de nous expliquer pourquoi cette idée ne vaut même pas qu’on y réponde. A suivre...

     

    Bouclier social ?

    Pardon si nous interrompons pour trois minutes vos programmes mais sur le papier il y avait écrit « rencontre avec ces français invisibles ». Alors on s’est dit qu’on était un peu invité. Des hommes et des femmes invisibles... si si de vrais invisibles en chair et en os, devant vos yeux ébahis.

    Mais rassurez-vous tout de suite, nous n’avons là rien contre vous qui vous vous êtes rendus si nombreux pour échanger autour du Quai de Ouistreham / ni contre vous Florence Aubenas ou votre livre. Que du contraire.
    En effet, qui d’autre que des gens venus échanger à propos d’une enquête de plusieurs mois au sein de Police emploi et d’équipes ouvrières de nettoyage pourraient-ils mieux accueillir ce que la coordination des chômeurs et précaires a à dire ici publiquement et qui lui brule les lèvres ?

    Si nous n’attendons pas le traditionnel « échange avec la salle » pour nous exprimer, c’est que la nature des griefs que nous avons à formuler nous commandent de ne pas attendre respectueusement notre tour. Car, Mme Aubenas, la municipalité soi-disant « socialiste » qui est l’organisatrice de cette heureuse rencontre est la même qui collabora avec la préfecture le 5 décembre pour tenter de nous terroriser et de nous rendre invisible. C’est cela que nous entendons rendre visible.
    Ce 5 décembre, la manifestation régionale des chômeurs et précaires a fait l’objet d’une aussi soudaine que brutale répression devant les champs libres, faisant plusieurs blessés parmi les manifestants dont un grave qui a dû subir plusieurs accidents vasculaires cérébraux. La police a déposé plainte. Une défense collective a permis de limiter la vindicte préfectorale mais le parquet, ce chien, n’a pas décidé de lâcher prise et a fait appel de la décision. Une prochaine audience doit avoir lieu dans quelques mois.

    D’accord, d’accord...mais que vient faire la mairie dans cette regrettable histoire ? Nous direz-vous.
    Nous y venons justement : le 4 décembre, le jour précédent la manifestation dont nous parlons, à la suite d’une occupation pacifique des locaux de la Maison des associations, le Mouvement des Chômeurs et Précaires de Rennes (MCPL) avait obtenu la promesse de la mairie, par l’intermédiaire de la responsable de pouvoir tenir une assemblée générale le lendemain dans l’amphithéâtre de cette même institution à la fin de la manifestation.
    Or le jour J, une partie importante des manifestants s’est rendue comme prévu à la Maison des associations, juste derrière les Champs libres, et quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous vîmes devant le guichet, la patronne de la vénérable institution associative, nerveuse et embarrassée, nous déclaré tout net que nous ne pouvions plus, qu’il y avait trop de monde, qu’il n’était pas question que nous nous réunissions, des Raisons de sécurité... Alors même que nous cherchions à comprendre, la BAC commençait son œuvre « de brutalisation des parasites que nous sommes » avec une conscience professionnelle que jalouseraient de nombreux patrons du nettoyage : nous encerclant depuis l’intérieur de la Maison des associations ainsi qu’autour de la place. La suite vous la connaissez.

    Comment la police aurait-elle pu entrer aussi rapidement dans ce bâtiment sans accord anticipé, préalable, sans concertation avec les autorités municipales ?
    Nous avons même appris que des consignes avait été données aux employés pour fermer l’accès des champs libres au cas où les chômeurs - précaires tenteraient d’échapper à leur juste raclée. Soyons clair, notre intime conviction est la suivante : la mairie a non seulement bafouer la plus élémentaire des libertés publiques : le droit de réunion mais collaborée de façon active et consciente à cette répression du 5 décembre.
    Le parti de Solférino s’est présenté face à Sarkozy et à la crise comme un bouclier social. Or son attitude ici comme ailleurs ne tend-il pas à montrer que s’ il est le bouclier de quelqu’un, ce n’est certainement pas du peuple, c’est-à-dire des invisibles dont vous parlez dans votre livre.

    Pourquoi la si sympathique mairie de Rennes prétendument « socialiste » et ses strapontins dits « communistes » sont-ils prêts à se joindre à de si basses opérations de police, je vous le demande ? La ville de Rennes a lâché la bride aux prétendus impératifs que sont l’économie et la sécurité. Il faut absolument gommer l’image d’une ville bariolée, rebelle, voire ingouvernable que les derniers mouvements sociaux et spécialement étudiants avaient propagé. Dans le cas contraire, comment nos chers investisseurs pourraient-ils accomplir leur mission rédemptrice si les pauvres continuent à rechigner devant les sales boulots qu’on leur propose si gracieusement ? Comment l’argent pourrait-il couler à flot si les précaires que nous sommes en réclament trop ardemment leur juste part  ? Comment Rennes survivra-t-elle si ses étudiants, trop occupés qu’ils sont par le souci des affaires communes, ne consacrent pas entièrement leur intelligence et leur santé à acquérir des compétences qui seront devenues inutiles dans trois ans aux entreprises ?
    Pour réaliser ses rêves de grandeur qu’elle présente comme une dure nécessité, la mairie s’est attribuée le pouvoir souverain de décider qui a sa place et qui ne l’a pas dans l’espace public, qui peut être visible et comment, qui doit être soustrait à la visibilité publique par la police. S’affranchissant désormais de tout procédure pour expulser manu militari les occupants de logements vides. Suspendant le droit des citoyens à intervenir aux conseils municipaux (cas du DAL35 et du MCPL en janvier 2010) et envoyant la police aux syndicalistes de Sud santé lorsque leur contestation du rôle de la municipalité dans l’agence régionale hospitalière se fait trop gênante.
    Certains nous diront peut-être que nous aurions dû nous faire une raison, retenir la leçon mais nous sommes désolé c’est au-delà de notre compréhension, nous ne sommes « pas capables de comprendre. »
    Il est hors de doute qu’en une certaine façon, la mairie aime les pauvres. Mais elle les veut sous son contrôle, car laisser à eux-mêmes, ils sont potentiellement dangereux. Ils pourraient tout remettre en cause. Si si, ça c’est vu par le passé. Il faut donc les dresser, les rendre dociles, corvéables, contrits et plein de gratitude envers leurs maîtres. Il en va de l’avenir de Rennes métropole. Or les chômeurs et précaires n’ont pas besoin qu’on les mette sous tutelle, qu’on les infantilise, ils ont besoin d’être considérés comme des égaux capables de penser par eux-même, et non comme des choses à gérer ou des demeurés qu’il faut mettre au boulot quoiqu’en soit le prix.
    Ce qui est, à ce qu’il nous semble, le désir de tout un chacun ici.

    Le collectif du 3 mai.

    « Thèses sur la grève des chômeurs et précairesContre les sous-traitants de Pôle Emploi, occupation de deux agences de coaching à Rennes »

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